Mercredi, on a été au parc avec les enfants, ma copine Soraya et son chien Patapouf. Elle est aide à domicile pour les personnes âgées. Comme moi, elle a enclenché le mode survie. Elle n’est pas mère célibataire mais les indépendants morflent aussi avec la crise.
Entre le loyer du studio, les factures et sa petite voiture indispensable à ses déplacements, le soir c’est une biscotte et au lit. Mathéo et Sofia ont joué comme des fous avec le chien-saucisse rebaptisé Knacki en deux-deux.
Nous, on a discuté sans répit : « Lucie, comment tu tiens le coup seule avec les enfants ? Et toi Soraya, tu ne te sens pas trop isolée, tu n’as même plus de quoi aller boire un café ! Je pourrais te garder les loulous quand tu bosses le dimanche au magasin. On pourrait prendre Patapouf quand tu croules sous le taf ? J’ai un reste de spaghetti aux courgettes d’hier, tu viens diner avec nous ? ».
Entre deux fourchettes de pâtes, encore la bouche pleine, je crie EUREKAAAAAA ! Une courgette fait un vol plané sur la tête du petit, on pouffe de rire de bon coeur : « Si nous habitions ensemble !? On pourrait réduire nos loyers et partager les factures ».
On file sur immoweb et nos calculettes mentales se remettent en marche : un appart’ deux chambres, un balconnet pour Patapouf, un PEB acceptable le tout pour 825€. Ça pourrait nous permettre d’économiser un peu mais aussi de briser cette solitude dans laquelle nous plonge la précarité.
Samedi, notre drôle de petite famille partira en expédition dans la voiture de Soraya direction la brocante solidaire de la Croix-Rouge. On va y trouver de bonnes affaires pour meubler notre futur palace.
À la Croix-Rouge, les demandes d’aide alimentaire augmentent quotidiennement, venant notamment des indépendant.es qui ont perdus leur emploi lors de la crise sanitaire mais aussi de familles monoparentales précaires.